L'aventure commence, à l'automne 2002 avec l'acquisition d'une NZ 350 en pièces détachées, récupérée sur les champs de bataille de 1944 et conservée depuis en attente d'être remontée. Une première main en quelque sorte ! Mon vendeur en a remonté plusieurs après guerre et celle-ci attendait son tour. La peinture gris foncé est encore bien visible, il n'y a pas de trace de mauvais traitement, ni de corrosion importante, le moteur n'est pas bloqué ! 

L'ensemble est loin d'être complet mais un vieux rêve se réalise, reconstituer la moto, vue dans l'album de famille, sur laquelle les premiers américains de la 28e DIUS, venant de défiler dans Paris, sont arrivés dans l'Aisne, début septembre 1944 ! Les commémorations du 60e anniversaire de la Libération sont dans 2 ans. 

Le modèle recueilli est rapidement identifié ; le cadre et le moteur (603 53X / 1 180 67X) datent du milieu de l'année 1942. Il s'agit de la dernière version civile de la NZ 350 avant la NZ 350 militaire de 1943 (cadre n° 619 00X / moteur 1 358 20X). Le moteur est à boîte de vitesses renforcée (VG). 

Première étape, démontage général, diagnostic et premier point des pièces manquantes ou à changer ; la liste est longue mais un premier tour des fournisseurs et des bourses en Allemagne, puis l'achat de plusieurs lots de pièces, avec quelques bonnes surprises, remontent le moral ; une 250 d'avant-guerre et une 350 de 1943 presque complètes, une béquille latérale ... livrée avec cadre, plaque et carte grise ! La place commence à manquer.

La remise en état débute durant l'hiver 2002-2003 par la mécanique ; microbillage général, changement du piston, réalésage du cylindre, changement des roulements et joints, ... Ce sont les roulements du vilebrequin qui demanderont le plus de travail. Quelques pièces trouvées neuves ! (pignon de chaîne primaire, carburateur, ...), grâce au DKW Moto Club de France, permettent d'alléger la facture ... et de nouer de nouveaux contacts ! Le cylindre, la visserie, le kick et le sélecteur sont finis en noir satin.

Vient ensuite au printemps 2003 le tour de la carrosserie ; microbillage et débosselage du réservoir tout d'abord puis après l'été et l'acquisition d'un garde-boue arrière civil, c'est le tour des garde-boues, de la boîte à outils, du phare, du support compteur, ... Le garde-boue arrière très fatigué demandera lui aussi des heures de travail pour retrouver son aspect d'origine.

Contrôle et microbillage du cadre durant l'hiver 2003-2004, puis montage à blanc de la partie arrière (triangles, garde-boue, porte-bagages), avant peinture de l'ensemble ; gris foncé (RAL 7021) sur apprêt rouge-brun comme à l'origine, Époxy pour le cadre, la fourche, le porte-bagages et les roues entièrement refaites (rayons, jantes), ... 

Le gris foncé, utilisé par la Reichswehr jusqu'à la fin de 1942, était censé permettre aux véhicules de se confondre avec l'ombre d'un bâtiment ou d'un sous-bois ! 

Le remontage du cadre commence au printemps 2004 par la partie arrière puis la fourche ... avec ses 70 pièces ! Liste des pièces obligatoire. La visserie est traitée en noir satin au fur et à mesure.

Il est temps de trouver les pneus, des Mitas H02 3,50x19. Avec la repose de la béquille centrale, des roues puis du guidon, la NZ peut être déplacée. 

Le généreux guidon de BMW R12 de 85 cm de large et 25 mm de diamètre (respectivement 71 cm et 22 mm pour le guidon DKW d'origine) est également un peu plus bas que l'origine ; à plat, on est à 11 mm au niveau des poignées par rapport au milieu du guidon (40 mm pour l'origine). Cette adaptation d'époque, vue sur la fameuse photo de 1944, peut résulter de la pénurie de pièces détachées que connaît l'armée allemande en Normandie ou d'une transformation des GI plus habitués au généreux guidon de la Harley ...

Le guidon 25 mm BMW doit être équipé : poignées, leviers, ...

Le moteur peut être remis en place. Opération délicate et attendue ; l'imposant bloc rentre dans le cadre par le côté gauche avec les deux plaques droites en place. 

C'est ensuite au tour de l'électricité ... souvent présenté comme un point faible de la machine. Le boîtier d'allumage (régulateur + bobine) présent est effectivement un SP13R à clé capricieux ... modèle postérieur à 1942, qui devra donc être remplacé par un SP12R conforme à l'origine. 

Dans l'attente d'un boîtier SP12R opérationnel ..., pour les premiers essais moteur, un montage provisoire est réalisé avec une bobine universelle directement connectée sur la batterie 6V, qui n'est pas reliée à la dynamo.

Par la suite, la dynamo devra être redémontée afin de supprimer la résistance pour installer un régulateur électronique VAPE R81, qui trouvera place, avec 2 fusibles et une barrette de 8 connexions, dans un boîtier SP12R de refabrication vide.

Entre-temps, un faisceau électrique neuf est installé. Pour cette opération, un repérage préalable des câbles à partir du schéma de câblage est préférable. Il faut également veiller à repérer les fils de même couleur sur chaque extrémité (v. notes).

-> Sont ajoutés 3 fils qui sortent du dessus du boîtier latéral dans une même gaine : 2 vers la bobine extérieure fixée sous le réservoir et un fil de masse venant du régulateur qui va vers le phare, le contacteur du klaxon, etc.

Avec la réfection des freins, le remplacement de la couronne-tambour arrière de refabication (hors de prix à l'époque) et la mise en place de la chaîne, le châssis est bientôt prêt. 

Les feutres compteur et moyeux sont également remplacés (v. notes).

Il reste encore à monter les câbles d'accélérateur, d'embrayage, de frein avant. La tringle de frein arrière avec son papillon trouvé en pièce d'origine neuve ! est également changée. 

Puis le réservoir repeint (avec plus tard ses étoiles de 6 pouces de chaque coté et son marquage allemand au dessus) est remonté ainsi qu'une selle neuve pour les tous premiers tours de roues. 

Le remontage se termine par les garde-boues, le porte-bagage, la boîte à outil, puis le compteur avec une nouvelle vitre (-> le compteur Isgus 80 mm n°33 de la NZ possède une petite cavité à l'arrière). La selle passager et les cales-pieds passager viendront plus tard.