Autour de Quierzy

Le "PONT D'ARROMANCHES"
de MANICAMP

A 2 kilomètres de Quierzy en remontant l'Oise, sur la commune de Manicamp, la RD 922, qui va vers Marest et Abbécourt, emprunte un élément provenant des ports artificiels implantés en Normandie par les alliés en juin 1944.

"Prouesse industrielle et maritime la plus extraordinaire de la guerre", les ports artificiels "Mulberry" (Mûre en anglais), permettant l'acheminement du matériel, étaient indispensables à la réussite du débarquement allié. Il en fut implanté un à Vierville (Mulberry A) destiné aux américains et un à Arromanches (Mulberry B) destiné aux britanniques. Préfabriqué en Grande-Bretagne, chaque port se compose de caissons en béton coulés (Phénix), de navires échoués (Gooseberries / Groseilles) et de brises-lame flottant (Bombardons / ?) abritant des têtes de jetée appelées Spuds (bêches ou pommes de terre), arrimées au fond par des piliers mais flottent sur la mer et reliés à la terre par environ 8 kilomètres de route flexible en acier (nom de code Whales / Baleines) flottant sur des pontons d'acier ou de béton (appelés Beetles / Scarabées). 

Tandis que le "Mulberry A" fut irrémédiablement endommagé par une tempête fin juin 1944, celui d'Arromanches permit de débarquer jusqu'à 9.000 tonnes de matériel par jour - trafic comparable à celui du port du Havre avant guerre -; plus de 500.000 tonnes y avaient été déchargées à la fin du mois d'août. Un ensablement rapide et la remise en service de Cherbourg puis d'Anvers devaient, par la suite, restreindre son rôle.

On trouva très vite une nouvelle utilité aux éléments des routes flottantes ; le remplacement provisoire des ponts détruits. Chaque "passerelle" mesure 24,43 m de long et il y en avait donc environ 327 par port. 

Dès octobre 1945, "un certain nombre de travées" est attribué au Département de l'Aisne par le Ministère des Travaux Publics et des Transports pour mise en place espérée "avant l'hiver". Les "passerelles d'Arromanches" ou "passerelles britanniques en ventre de poisson provenant du port artificielle d'Arromanches"..."stockées dans la région de Caen" sont démontées au chantier de Blainville sur Orne dans le Calvados au rythme de 2 par jour pour expédition par voie ferrées à raison de 4 côtés de ponts ou poutres de chant par wagon. 

En août 1946, le Service Central de la Reconstruction des Ponts Routes adresse au Département une liste de "quatre ouvrages détruits susceptibles d'être dotés de passerelles d'Arromanches." (Dercy, Manicamp, Courcelles-sur-Vesles - Limé, Chassemy). L'envoi se fera dans l'ordre de la liste. L'une des deux premières passerelles est expédiée le 25 novembre 1946 de Seine-Maritime et arrive en gare de Chauny début décembre 1946. Le premier plan des Ponts et Chaussées de Laon concernant la passerelle sur l'Oise à Manicamp est daté du 18 décembre 1946.

Suite à un appel d'offres en date du 4 mars 1947, les travaux de montage confiés à la Sté EMLI de Paris sont achevés en juin 1947, sept ans presque jour pour jour après la destruction de l'ancien pont.

Coordonnées GPS N 49°34'49", E 3°10'02"

Photos du pont de ManicampProjet Mulberry

Quierzy, résidence royale | Les ports artificiels de la Bataille de Normandie | Pont d'Arromanches de Foussemagne

Le retour du Mulberry A à Vierville-sur-Mer

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