1944

  60e
Anniversaire de la Libération

2004

EXPO

6 JUIN - 2 SEPTEMBRE 1944

PARCOURS


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6 JUIN - 2 SEPTEMBRE 1944
CHRONOLOGIE
 

J-1 5 juin : Ordre de Londres aux Forces Françaises de l'Intérieur (FFI) de commencer les sabotages sur une grande échelle
J 6 juin : Débarquement allié en Normandie
J+1 8 juin : Libération de Bayeux
J+2 9 juin : Massacre de Tulle
J+3 10 juin : Libération d'Isigny - Massacre d'Oradour-sur-Glane
J+4 12 juin : Libération de Carentan
J+5 13 juin : 1er VI sur Londres - Combats du Vercors
J+6 16 juin : 1er discours de de Gaulle à Bayeux
J+7 17/19 juin : Prise de l'île d'Elbe par la 1re Armée Française
J+8 20 juin : Combats du Mont Mouchet, puis de la Truyère, Hte-Loire
J+9 27 juin : Libération de Cherbourg
J+10 28 juin : Exécution de Philippe Henriot
J+11 7 juillet : Exécution de Georges Mandel par la Milice
J+12 8 juillet : Attaque américaine sur La Haye du Puits
J+13 8-18 juillet : Bataille de St-Lô
J+14 9 juillet : Libération de Caen
J+15 12 juillet : Dernier Conseil des Ministres à Vichy
J+16 18 juillet : Libération de St-Lô - "Opération Goodwood" : attaque de blindés (Montgomery) à l'est de Caen
J+17 20 juillet : Attentat contre Hitler
J+18 25-29 juillet : La IIIe armée américaine attaque vers Avranches : 7 divisions allemandes encerclées
J+19 29 juillet : Libération de Coutances
J+20 30 juillet : Libération d'Avranches
J+21 30-31 juillet : Repli allemand à l'est vers Mortain - Percée d'Avranches : les américains foncent vers la Bretagne, la vallée de la Loire, Le Mans et Orléans
J+22 31 juillet : Opération Bluecoat : Britanniques et Canadiens attaquent vers Vire
J+23 1er août : Débarquement en Normandie de la 2e DB du Gal Leclerc
J+24 4 août : Libération de Rennes
J+25 6 août : Libération de Vannes, Redon, Vitré, Laval - Brest encerclée par la IIIe armée américaine - Bataille de St-Malo
J+26 7 août : Libération de St-Brieuc
J+27 7-8 août : Opération Totalize : les Canadiens attaquent vers Falaise. Opération Lüttich : contre-attaque allemande (divisions blindées anéanties par l'aviation américaine) sur Mortain
J+28 8 août : Libération de Morlaix
J+29 9 août : Libération de Quimper, St-Malo, Le Mans
J+30 10 août : Laval à Paris
J+31 11 août : Libération de  Nantes, Angers
J+32 12 août : Libération d'Alençon par la 2e DB
J+33 13 août : Libération de Quimperlé
J+34 13-14 août : Combats d'Argentan, Bourg St-Léonard, Sées
J+35 14-18 août : Opération Tractable : Cabaduebs et Polonais foncent vers le sud pour rejoindre Américains et Français remontant depuis Argentan, et tentent de refermer sur les Allemands la poche de Mortain-Falaise
J+36 15 août : Débarquement allié en Provence
J+37 17 août : Falaise prise par 2e DB canadienne - Libération de Dreux, Chartres, Orléans - Laval quitte Paris pour Belfort
J+38 18 août : Libération de Draguignan
J+39 19 août : Libération d'Argentan
J+40 19-22 août : Fermeture de la poche de Falaise : 50 000 Allemands prisonniers
J+41 20 août : Massacre de St-Genis-Laval (Rhône) - Pétain quitte Vichy pour Belfort
J+42 22 août : Libération de Aix-en-Provence
J+43 23 août : Libération de Marseille
J+44 24 août : Libération de Cannes, Grasse, Grenoble
J+45 25 août : Libération de Paris - Accords sur l'administration de la France libérée ; les américains renoncent à l'AMGOT (Allied Military Government of Occupied Territories) - Massacre de Maillé (I.-et-L.)
J+46 26 août : Libération d'Avignon, Arles, Tarascon - De Gaulle à Paris
J+47 27 août : Libération de Bordeaux, Toulon, Montélimar
J+48 29 août : Libération de Nîmes
J+49 30 août : Libération de Rouen, Reims
J+50 31 août : Libération de Montpellier, Béziers, Narbonne, Valence
J+51 1er septembre : Libération de Rouen, Amiens, Reims
J+52 2 septembre : 1e réunion du Gouvernement Provisoire de la République Française à Paris - Libération de Nice, Chambéry

6 JUIN - 2 SEPTEMBRE 1944
LES LIBERATIONS DE LA FRANCE

La Libération de notre région intervient le 2 septembre 1944, 88 jours après le débarquement de Normandie, 8 jours après la Libération de Paris, au moment même où le Gouvernement Provisoire de la République Française se réunit pour la première fois dans la capitale.

Entre ces deux évènements majeurs marquent la Libération ; le débarquement de Normandie et libération de Paris. Pourtant, la Libération de la France ne commence pas en Normandie dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. Elle ne s'achève pas non plus le 2 septembre 1944 avec la première réunion du Gouvernement Provisoire de la République Française à Paris. Elle ne résulte pas plus du seul soulèvement de son peuple. Durant ces trois mois cependant, tandis que les armées alliées

la France se libère par elle-même du spectre d'une tutelle américaine.

Résistance intérieure, France libre, Alliés anglo-américains

La libération de la France commence en Normandie dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. Pourtant, dans cette bataille qui détermine l'avenir de la France et du monde, les Français tiennent un rôle mineur. Leur pays redevient un théâtre d'opérations comme en 1914-1918, comme en 1940, mais eux sont des spectateurs plus que des acteurs. Contrairement au mythe complaisamment diffusé, les Français n'ont pas libéré la France, en tout cas pas dans un prenier temps. Comment expliquer cette abstention ?

Dans la préparation d'Overlord, dans l'exécution de l'opération Neptune, où sont les Français ? Ils ne participent pas aux délibérations de l'état-major du général Eisenhower, Ils ne possèdent évidemment pas la force matérielle des Américains, ni même des Britanniques. Ils ne sont pas admis dans le secret des dieux. Fournissent-ils au moins des unités qui joueront un rôle dans la bataille ? A peine. Une task force navale appuie les forces qui s'apprêtent à débarquer. Elle réunit 4126 landing crafts, 6 cuirassés, 23 croiseurs, 79 destroyers, plusieurs dizai- nes d'escorteurs, sans compter le soutien direct et l'appui-feu. La Royal Navy fournit 80 % des bâtiments. La France est représentée par deux croiseurs (le Georges-Leygues et le Montcalm), un navire ravitailleur (le Duquesne) et un destroyer (la Combattante). Quelques frégates et des corvettes, des bâti- ments de faible tonnage patrouillent aux abords des côtes anglaises. L'aviation française, ce sont 100 appareils et 9 000 hommes. Ces renseignements proviennent de Robert Aron, Histoire de la libération de la France. Juin 1944-mai 1945, Paris, Fayard, 1959, pp. 30-33.

Dans le corps expéditionnaire qui débarque en Normandie, une compagnie, celle que commande le capitaine Kieffer, rassemble 177 Français, eux-mêmes rattachés au 4e commando britannique. Ils se battent fort bien, à telle enseigne que trois mois après le débarquement la compagnie aura perdu plus de cent hommes. Comme le rappelle Robert Aron, un monument commémore sur la plage d'Ouistreham la participation des Français : « Sur cette plage, à l'aube du 6 juin 1944, les troupes du maréchal Montgomery et le commando français du capitaine llieffer mirent les premiers les pieds sur la terre de France. » Belle dédicace, qui souligne dans le même temps l'énorme différence entre la participation des Britanniques et celle des Français. Il faut préciser que le bataillon du comman- dant Bourgoin saute au-dessus de la Bretagne dans la nuit du 5 au 6 juin et dans les jours suivants. La 2~ DB du général Leclerc quittera Southampton le 29 juillet pour atteindre Utah Beach le 5 août. Au même moment, les Canadiens ont engagé une division. Les Polonais comptent deux escadres. Leur flotte réunit un croiseur de bataille, quatre contre-torpilleurs, cinq chasseurs-torpilleurs ; leur l~~ division blindée sous le commandement du général Stanislaw Maczek combat dans la banlieue de Caen. En dépit de la quasi-absence des soldats français, voilà que surgit une France libérée sur quelques kilomètres carrés. C'est

 

L'ENJEUDUPOUVOIR La Résistance française, théoriquement unie, correspond en fait à deux grandes mouvances, elles-mêmes plus ou mois fragmentées. A Alger, le général de Gaulle, incarnation de la première tendance, co-préside depuis juin 1943 le Comité fiançais de libération nationale (CFLN) en compagnie du général Giraud, protégé des Américains. Le CFLN se définit comme « le pouvoir central français », s'engage à « rétablir les libertés françaises, les lois de la République, le régime républi- cain». Le projet de De Gaulle vise à restaurer l'État, une France démocratique et indépendante, ce qui implique d'écar- ter Giraud, trop fidèle aux principes de la Révolution nationale de Vichy et docile aux intentions de ses protecteurs américains. De Gaulle, fin manoeuvrier, multiplie les ouvertures en direc- tion de la Résistance intérieure, ce qui lui vaut son appui et une plus grande représentativité aux yeux des Alliés. Il parvient à marginaliser Giraud qui démissionne de la co-présidence du CFLN le 9 novembre 1943. Débarrassé de son rival, de Gaulle élargit encore le Comité. Aux cûtés des anciens membres, notamment le général Catroux, René Massigli, André Philip, Jean Monnet, Maurice Couve de Murville, René Mayer, René Pleven, Pierre Mendès France, il fait entrer des résistants de l'intérieur, comme Henri Frenay, Emmanuel d'Astier de La Vigerie, et des représentants des partis comme Henri Queuille, André Le Troquer, Louis Jacquinot. En avril 1944, il appelle deux communistes, Fer- nand Grenier et François Billoux.

En novembre 1943, sou- cieux d'améliorer encore la représentativité de la Résistance face aux Alliés, de Gaulle réunit une Assemblée consultative, composée de résistants, d'hommes politiques de la Troisième République et de conseillers généraux d'Algérie. L'Assemblée peut seulement émettre des avis sur les actes du CFLN, mais elle apparaît comme une forme de représentation nationale.

En définitive, le CFLN acquiert assez les caractères d'un authentique pouvoir étatique pour se transformer en gouveme- ment provisoire de la République française (GPRF) le 3 juin 1944, après un vote unanime de l'Assemblée consultative.

Dès lors, le CFLN, puis le GPRF poursuit méthodiquement une oeuvre d'organisation en vue de la Libération prochaine. Des textes, promulgués à Alger après avis de l'Assemblée consultative et des organismes de la Résistance intérieure, défi- nissent les premières mesures d'épuration et la remise en route administrative du pays. L'ordonnance du 21 avril 1944, adop- tée par le CFLN, précise la nature et la fonction des futures autorités municipales, départementales et nationales. Les structures de Vichy sont dissoutes. Après épuration, les anciens conseils municipaux et généraux seront reconstitués. Tant que ces derniers n'auront pas repris leur activité, des Comités départementaux de libération (CDL) seront formés, d'abord pour préparer et diriger l'insurrection patriotique, puis, après la victoire, pour « assister le préfet » et représenter à ses côtés l'opinion des divers éléments de la Résistance. En somme, les CDL passeront d'un rôle dirigeant, dans la période qui précède la Libération, à un rôle d'auxiliaire du préfet dans la période suivante. L'Assemblée consultative doit s'installer à Paris, étoffer ses effectifs avec des délégués de la Résistance et des départements libérés, et siéger jusqu'à ce qu'une Assem- blée constituante la remplace. C'est aussi l'ordonnance du 21 avril 1944 qui donne le droit de vote aux femmes. Les autorités d'Alger choisissent les hommes qui doivent préparer, sur le terrain en France même, le changement de régime. Pour le représenter, de Gaulle nomme un délégué général. Après l'arrestaÙon d'Émile Bollaert, ce poste de confiance est attribué en mars 1944 à Alexandre Parodi, haut fonctionnaire républicain, pondéré et ferme, qui exerce son autorité sur divers comités techniques. Le Comité général d'études, par exemple, fait fonction de Conseil d'État clandes- tin. Y siègent Paul Bastid, Robert Lacoste, François de Men- thon, Pierre-Henri Teitgen, René Courtin, Michel Debré, Jacques Charpentier, Pierre Lefaucheux et Parodi lui-même jusqu'à sa désignation à la tête de la Délégation. Dans le domaine militaire, les délégués régionaux sont placés sous les ordres du jeune et actif délégué militaire national Jacques Cha- ban-Delmas, ci-devant inspecteur des Finances. Les groupes armés de la Résistance sont unifiés au sein des Forces françai- ses de l'intérieur (FFI) commandées depuis Londres par le général Koenig. Pour assumer le pouvoir local, l'avocat Émile Laffon et un jeune auditeur au Conseil d'État, Michel Debré, préparent une liste de commissaires régionaux de la Républi- que et de préfets. La tâche se révèle délicate car il faut prendre l'avis du Comité général d'études et des résistants. Gaston Defferre, parmi d'autres, est consulté pour la région marseil- laise ; Pierre Bertaux pour le Midi toulousain ; Jacques Baumel et Évelyne Garnier pour Paris. Michel Debré, qui souhaite diversifier le recrutement socio-professionnel des nouveaux

et l'aviation alliée aux réseaux de voies ferrées, devant les des- tructions de locomotives, de gares de triage et d'ouvrages d'art. Ni la surveillance des voies ni les plans de secours prévoyant l'emploi de cheminots allemands ne purent remédier à la pré- carité de la situation ~~. » La Résistance peut recourir à deux moyens d'action. En pre- mier lieu, des opérations de sabotage. Elles sont prévues de longue date. Le plan vert, on le sait, vise à couper les voies ferrées. Le plan violet atteindra les communications ; le plan bleu, les installations électriques ; le plan jaune, les dépôts de munitions. Les PC seront endommagés, sinon détruits par les actions du plan noir. Les dépôts de carburant servent d'objec- tifs au plan rouge. Enfin, le plan Tortue-Bibendum coupera les voies de communication. Tous ces plans sont déclenchés à la veille du débarquement de Normandie et contribuent à mobiliser les résistants, à inquiéter les Allemands, donc à ren- forcer le dispositif des assaillants. « Plusieurs dizaines de mil- liers d'hommes », écrit Marcel Baudot, rejoignent alors leur unité de combat, appliquent les différents plans et contribuent à retarder l'arrivée des renforts allemands sur les plages du débarquement. Des ponts et des voies ferrées sautent. Les lignes téléphoniques sont sabotées à répétition ~~. Il n'empêche que les maquis de Normandie et de Bretagne ne parviennent pas à fixer les troupes allemandes ni même à leur infliger des pertes significatives. N'en concluons pas que les résistants n'ont servi à rien. Ils auraient rempli un rôle plus important, s'ils avaient été mieux armés, mieux entraînés et plus unis. Or, un peu partout en France, les résistants accentuent leurs pressions dès qu'ils apprennent que les plans doivent entrer en vigueur. En Languedoc, 151 actes de résistance sont décomp- tés pour le mois d'avril 1944 ; 173 pour mai ; 443 en juin, dont 128 sont commis dans la semaine du 5 au 12 ~~. La même observation vaut pour la Bretagne et les autres régions. Henri Amouroux cite de nombreux exemples de coups de main, et surtout donne des illustrations fort significatives sur les sabota- ges de voies ferrées. La carte de la France ferroviaire n'évoque plus le moindre réseau. Le maillage a disparu. Il reste des ver- micelles qui soulignent combien il est difficile de faire, dans des délais raisonnables, le moindre voyage. Sans doute les 13. In La Libération de la France, op. cit., p. 257. 14. Cf. Baudot, Libération de la Norn~andie, op. cit. 15. Cf. Jacques-Augustin Bailly, La Libération confisquée. Le Languedoc, 1944-1945, Paris, Albin Michel, 1993, p. 162.

 

 



EXPO

6 JUIN - 2 SEPTEMBRE 1944

PARCOURS

DKW NZ 350 | H-D WLA
La libération de Quierzy

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