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Courrier

La Grande Guerre
1914 - L'invasion allemande

L'invasion allemandeLa première libération | Les combats de 1918 | Les tranchées à Quierzy | La reconstruction


Quierzy en 1914

      Quierzy compte 414 habitants au recensement de 1911, essentiellement des cultivateurs. Les maisons traditionnelles sont en pierres blanches du Soissonnais et les constructions du 19e siècle en briques (la mairie, la gare, etc). 

Les manuels scolaires enseignent que la région est puissamment protégée derrière les places fortes de Maubeuge, La Fère, Laon ...

Début août 1914, alors que dans la région le souvenir des campagnes de 1814 et 1870 n'est pas encore effacé, la Ve Armée française (Gal Lanrezac) va prendre position le long de la frontière belge sur la rive gauche de l'Oise vers Hirson, le 4e Groupe de Divisions de Réserve entre Vervins et Sissonne et l'Armée britannique (Gal French) sur la rive droite vers Guise. (carte) La frontière belge se situe à moins de 100 kilomètres de Quierzy vers Hirson (Trouée de l'Oise).

Après la bataille de Charleroi en Belgique (21-23 août), la Ve Armée française se retire par Guise où elle arrête la IIe Armée allemande de Von Bülow le 29 août, tandis que les britanniques reculent devant la Ie armée allemande de Von Kluck par Noyon - Carlepont (4e DIW du 3e Corps), Noyon - Cuts (3e DIW du 2e Corps), Pontoise - Carlepont (5e DIW du 2e Corps) et La Fère - Amigny (2e DIW du 3e Corps), La Fère - Saint Gobain (1e DIW du 3e Corps).

Le 29 août, la 3rd DIW britannique (2e Corps), qui retraite depuis Mons, atteint Cuts par Noyon et Pontoise (carte) avant de poursuivre vers Vic-sur-Aisne. (carte)

Le 30, le 3e Corps franchit l'Aisne à l'ouest d'Attichy et atteind Pierrefonds, le 2e  franchit la rivière à Vic et le 1er  va la traverser le 31 à Soissons.

"Le château - Monument antique ayant servi de demeure aux premiers rois de France; Estaminet de la gare - Restaurant recommandé; La Mairie et les Écoles; Vue sur le Canal, près de la Rapperie; La Râperie - Dépendance de la Sucrerie de Blérancourt; L'Eglise; La Gare - Vue sur la voie"

Quierzy est épargné par ces premiers combats, quelques cavaliers traversent le village. Une batterie d'artillerie française tire par erreur depuis la Ferme Neuve à Varesnes sur les Spahis (2e CC ?) revenus à Quierzy avant de se retirer. (carte)

Détail des unités >>>

L'invasion allemande

Le 31 août, la I. Armee von Kluck venant de Mons, qui se trouve entre Amiens et Roye réoriente sa marche vers Compiègne-Noyon pour combler le vide qui s'est formé entre elle et la II. Armee de von Büllow, qui se trouve entre Saint-Quentin et Hirson. Un mois à peine après la déclaration de guerre, venant de Roye par Guiscard, le IX. Corps atteint à son tour l'Aisne à l'ouest de Soissons par Quierzy, Blérancourt, Vézaponin, Fontenoy. A sa droite, le III. Corps venant par Noyon traverse à Vic. Le IX. Corps ira jusqu'à Esternay dans la Marne sur le Grand Morin. (carte) L'avance allemande surprend la population alors qu'elle allait commencer la moisson. Certains hommes n'ont pas encore été mobilisés. Quelques habitants ont fuit. Les premiers pillages ont lieu, des otages sont pris pour garantir la sécurité des troupes allemandes. (carte)

Le café-épicerie route de Brétigny avant 1914
Le café-épicerie route de Brétigny avant 1914

1914 - La première bataille de l'Aisne

Début septembre, après la victoire française de la Marne, la Ie Armée allemande de Von Kluck retraite à son tour vers l'Aisne poursuivie par la VIe Armée Française (Gal Maunoury) qui repasse l'Aisne le 12. Lorsque le gros des troupes françaises reprend contact le 13 septembre avec les avant-postes allemands, ces derniers sont déjà retranchés au Nord de la vallée de l'Aisne. Maunoury tente dans la vallée de l'Oise d'envelopper de l'aile droite allemande. Mais l'ennemi est résolu à conserver une position avantageuse sur la route de Paris et la rive gauche de l'Oise fut le théâtre d'une lutte acharnée.

Spahi blessé, 1914 - Maurice OrangeLe 13 septembre, le 4e Spahis reçoit l'ordre de passer l’Aisne, le plus rapidement possible, entre Jaulzy et Vic-sur-Aisne. Il est arrêté par le feu de l'infanterie ennemie embusquée dans les bois de Moulin-sous-Touvent et Nampcel puis poursuivie jusqu'au Sud de Saint-Pierre-lès-Bitry par un tir progressif d'artillerie.  

Le 4e Spahis Algériens débarqué à Marseille le 4 septembre 1914, est immédiatement dirigés sur le camp retranché de Paris pour former avec le 6e Régiment de Spahis une brigade de Spahis mise à la disposition du Général Commandant la 6e Armée.

Le 15 septembre, les Spahis reprennent leur marche en avant. Partie d'Attichy vers Bailly, la Brigade de Spahis pousse une forte reconnaissance vers Quierzy. Deux Escadrons partis d'Attichy reçoivent l'ordre de se porter par Carlepont sur la Pommeraye. Le Peloton d'avant-garde, arrivé à hauteur de Brétigny, aperçoit une forte colonne de cavalerie ennemie qui se retire. Le lieutenant De Mesmay, commandant ce peloton n'hésite pas à attaquer franchement I'arrière-garde de cette colonne composée d'un Régiment de Uhlans, dont il tue plusieurs cavaliers et continue au galop sur Brétigny, suivi par le demi-Régiment du Commandant B.R Bonneterre. Mais à la lisière sud du village, des feux d'infanterie, de mitrailleuses et d'artillerie, obligent les Spahis à se jeter dans les bois qui bordent la route. Au cours de ce combat, une vingtaine de Spahis a disparu. 

Le Lieutenant De Mesmay est cité à l'ordre de la Brigade ainsi que le Spahi En-Barek, 

Lieutenant De Mesmay: « Commandant le peloton d'avant-garde du demi régiment, a fait preuve d'un grand sang froid, d'un grand courage et d'esprit de décision en attaquant franchement I'arrière-garde d'un régiment de Uhlans dont il tue plusieurs cavaliers. A su rallier assez rapidement son peloton pour le mettre hors de portée d'une section de mitrailleuses, placée à l'entrée du village de Brétigny, dont il recevait un feu intense ». 

En Barek. du 5e Escadron : « S'est distingué dans la poursuite de l'arrièregarde ennemie en tuant de sa main deux uhlans. A été blessé»,

Le 4e Spahis sera le 19 mars 1917 la première unité à entrer dans Quierzy.

La bataille se poursuit à Cuts (15-17 septembre, 2e Zouaves), Carlepont (17-18 septembre), ... Le 21 septembre, la IIe Armée de Castelnau arrivée de Lorraine reprend Noyon mais ne peut s'y maintenir. Ribécourt reste entre nos mains. Après plusieurs jours de combat, le front se fixe sur les plateaux "entre Soissons et la forêt de Laigue" soit au Sud de Noyon vers Ribécourt, sur la route de Paris - point du front le plus proche de la capitale - Bailly, Tracy-le-Val, Bois de Saint-Mard, sud de la Ferme de Quennevières, Moulin-sous-Touvent, Autrêches, Chevillecourt, Nouvron-Vingré, Cuisy et passe ensuite au nord de Soissons par Cuffies, Crouy, ... avant de suivre l'Aisne et le Chemin des Dames (secteur de la Ve Armée Française).

Sur la rive nord de l'Oise, tenue par la IIe Armée allemande, après plusieurs tentatives de débordement qui constituent le début de "la course à la mer", le front s'immobilise vers Ribécourt, Thiescourt, Lassigny, Cany-s/Matz, puis à travers la Somme vers la Mer du Nord. (carte)

A la fin de septembre, l’infanterie des deux camps a creusé des tranchées profondes face à l’adversaire, permettant ainsi de contenir l’envahisseur et de préparer une prochaine offensive que l’on croit décisive. Cette situation se généralise sur toute la ligne de combat et donne ainsi naissance à un front de 700 kilomètres de long de la mer du Nord à la frontière Suisse.

On retrouve tout au long de la guerre les noms de ces lieux dans les communiqués officiels; Tracy-le-Val, Bois de Saint-Mard et Ferme de Quennevières, notamment. Les tranchées y sont à une douzaine de kilomètres au sud de Quierzy. Les combats s'y déroulent dans l'axe de la vallée de l'Oise. De nombreuses unités y sont régulièrement relevées.

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Le calvaire, la mairie et l'église avant 1914

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L'occupation allemande (1914-1917)

L'ennemi s'installe, non sans crainte d'ailleurs, tant le souvenir de l'insoumission de la population française lors de la guerre de 1870-71 reste tenace. L'adminsistration est sous leur joug ; heure allemande, affichage, signalisation en allemand, fêtes allemandes, parades militaires, ... Quierzy subit les réquisitions, pillages, amendes, privations et tracasseries de l'occupation allemande. Les réquisitions en tous genres sont d'autant plus nombreuses que le front est proche. Rien n'est trop beau pour le confort des tranchées allemandes : linge, meubles, matelas, vin, outils, ustensiles de cuisine, ... On "récupère" les métaux ; les tuyauteries sont démontées, les statues, les cloches, le zinc des gouttières, le fil de fer des pâtures. Les forêts sont dévastées pour boiser les tranchées.

Tout est recensé ; le bétail, le grain, les pommes de terre, la paille, les surfaces cultivées ... et les récoltes confisquées. Tout est organisé l'administration allemande exploite le pays, la kommandantur transmet les réquisitions et impositions. Elles se font au début contre un bon de réquisition, remboursable après la fin de la guerre ou par bons régionaux ayant valeur de papier monnaie.

Les fermes servent de casernement pour la troupe, les maisons d'habitation pour les officiers. Dans les villages de l’arrière, il faut donner aux combattants un cadre de vie aussi familier que possible. Certains cafés sont fermés et réservés aux Allemands, les Français n’ayant plus le droit d’y pénétrer.

La population n'a rapidement plus rien à manger et les "bouches inutiles", femmes avec des enfants, vieillards ... sont volontiers rapatriés vers la France via la Suisse et leurs biens réquisitionnés. Ils sont généralement envoyés dans les départements du Tarn et de la Garonne et reçoivent une allocation et sont logés chez l'habitant. Leur accueil n’est pas sans poser de problèmes. On les surnomme parfois  les " boches du Nord ". Aux différences de langage et de coutumes vient s’ajouter la hausse des prix ou le chômage que leur présence occasionnerait. Leur retour dans le Nord sera organisé dès la fin de 1918.

Le bruit plus ou moins lointain des canons entretient l'espoir d'une libération prochaine et la fin de ces humiliations. Le front est très agité toute l'année 1915. Début juin, la prise par nos troupes de la Ferme de Quennevières (près de Nampcel) fait naître un espoir de délivrance, malheureusement déçu. Des ballons d'observation sont installés le long du front. Un avion français les détruira en 1917 (un cube de béton les retenant existait encore récemment dans un pré, le long de la route entre Varesnes et Brétigny).

Carte de la ligne de front du Soissonnais en 1914-1915. Guide Michelin des champs de bataille

La Bataille de Quennevières (6-16 juin 1915)

Mai 1915, l'Etat-major français prépare une attaque dans le secteur de la Ferme de Quennevières, tenu par la 61e Division de Réserve (35e Corps d’Armée, 6e Armée) afin de réduire le saillant entre Puisaleine et Moulin-sous-Touvent, à un douzaine de kilomètres de Quierzy. Plusieurs fermes, protégées par d'épais massifs de verdure, s'élèvent là. Celles de Touvent et des Loges sont occupées par l'ennemi; nous tenons celles d'Ecafaut (265e RI) et de Quennevières. Cette dernière se trouve menacée par un fortin que les allemands ont bâti sur le saillant. 

La 73e brigade (2e RZ et 2e RTA de la 37e DI) et la 121e brigade (264e et 265e RI de la 61e DI), renforcées de plusieurs compagnies provenant des divisions voisines, sont désignées pour accomplir l’attaque. La 73e Brigade a pour mission de prendre les tranchées allemandes entre la Ferme des Loges (La Bascule) et celles faisant face à la Ferme de Quennevières. La 121e, quant à elle, doit prendre la route de Moulin-Sous-Touvent ainsi que le ravin de la côte 111 (Ravin du Martinet).

Le 6 juin, de nombreuses batteries de différents calibres regroupées en arrière du front, bombardent les positions de l'ennemi tandis que le Génie fait exploser un fourneau de mine sous le fortin. A 10h, l'infanterie (35e,42e,44e et 60e RI) s'élance. En moins d’une demi-heure, malgré la résistance acharnée des soldats du 86. Infanterie Regiment prussien, qui défendent la position, les premières lignes allemandes et la route de Moulin- Sous-Touvent sont enlevées à coups de grenades et de baïonnettes. La surprise est totale, l’ennemi est en déroute. Une section de Poilus parvient à franchir le Ravin du Martinet. Ils détruisent trois canons allemands de 77, après avoir abattu leurs servants, mais se trouvant isolés et trop avancés, ils sont contraints de rebrousser chemin. Vers 11 heures, une deuxième vague de Zouaves et de Poilus s’élance pour venir tenir les tranchées conquises et repousser toute contre-attaque ennemie. 35 minutes plus tard, les Zouaves aidés par les Tirailleurs attaquent à nouveau en direction de la Bascule mais le réseau de barbelés ennemi insuffisamment détruit par les tirs d’artilleries empêchent toute progression. L’attaque est stoppée et l’après-midi est occupé à creuser des boyaux de liaison entre l’ancienne première ligne française et les positions conquises. En soirée, les fantassins ayant combattu sont relevés en vue d'une éventuelle attaque de nuit.

Le lendemain, l’état major du 35e Corps éclare avoir fait 246 prisonniers (du 86ème Régiment de Fusiliers de la Reine) et avoir perdu environ 2.000 hommes. Le terrain conquis représente une avancée d'environ 1.000 mètres sur autant de large.

Le 8 juin, les allemands bombardent pendant plus de 8 heures les tranchées perdues l’avant-veille provoquant de lourdes pertes, tandis que les hommes ayant participé à l’attaque reçoivent la Croix de Guerre devant le château d’Offémont. En soirée, l'état-Major, enthousiasmé par la réussite de l’attaque, décide de poursuivre l’offensive le 12 puis le 15.

L’ennemi, quant à lui, renforce son artillerie, organise une nouvelle première ligne et le 14 juin, il prend de cours les Français en lançant une attaque avec un régiment de réserve. Son artillerie détruit les tranchées et les abris français. Sous la pression, les Poilus doivent concéder le terrain conquis. Une contre-attaque française de nuit est peu fructueuse.

L’attaque français est reportée au 16 juin, avec comme objectif principal le lieu dit ‘’La Bascule’’. A 6 heures du matin les soldats mêlés aux zouaves, partent à l’assaut. Mais l’ennemi sur ses gardes déclenche un tir de projectiles de toutes sortes puis contre-attaque à midi et reprend encore du terrain menaçant d’encerclement le 42e RI. L’offensive ne peut plus progresser. A 15 heures, une attaque française parvient à dégager le 42e RI. L’artillerie allemande redouble d’intensité forçant les poilus à battre en retraite de façon définitive. Le terrain conquis le 6 juin est perdu.

Le 292e RI va ensuite tenir ce secteur.

Cette série de combats acharnés et effroyablement meurtriers pour la possession de quelques arpents de terre est qualifiée par l’état major français de victoire sur l’ennemi dont les les lignes ont été enfocées en profondeur. Ces combats permettront à un Général, nommé depuis moins d'un an, du nom de Nivelle, de devenir Général en Chef des Armées Françaises et préfigurent la tragédie qui deux ans plus tard aura cette fois pour cadre le Chemin des Dames.

Ruines de la Ferme de Quennevières qui resta aux mains des Français jusqu'à la fin de la guerre

Détail des unités >>>

En 1916, tandis que la VIIe Armée allemande a relevé la IIe Armée, Quierzy fait l'objet de fouilles archéologiques. En mai, le Professeur allemand G. Weise (1888-1978) s'intéresse au site du Prieuré puis après la moisson, début août, au site de La Capelette. Les travaux sont interrompues par les innondations à la fin de l'automne et cessent définitivement en février 1917 ...

Fin 1916, la population de la région est réquisitionnée pour la construction d'une position de repli fortifiée avec des blockhaus, entre La Fère et Anizy-le-Château. La "ligne Hindenburg" passe dans la Forêt de Saint-Gobain, devant Barisis, à une dizaine de kilomètres à l'est de Quierzy. Après les lourdes pertes causées par les batailles de Verdun et de la Somme, les allemands sont en effet contraints à un "recul stratégique" permettant de raccourcir leurs lignes en évacuant le saillant que forme le front devant Noyon.

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Ouvrages sur l'Aisne en 1914-18

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Filmo / Bibliographie 14-18

Association 1914-1918

Soissonais 1914-1918

Le canon de Coucy-le-Château

Le 6e Cuirassiers 1914-1918

La 3e Division US 1914-1918

 

Les armées françaises pendant la Grande Guerre, Service historique de l’Armée

J.M.O. des unités citées, 3e DC Cote 26 N 483/1, Groupe d'Escadrons Divisionnaires 70e DI Cote 26 N 395/14, 81e RIT cote 26 N 409/1, 106e brigade 53e DI cote 26 N 525/6), ...
La plupart des JMO est désormais consultable en ligne sur Mémoire des hommes

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