Quierzy
 

 

Le Capitulaire de Quierzy

En juin 877, Charles le Chauve prépare une expédition en Italie pour aller défendre le Pape Jean VIII menacé par les sarrasins qui sont aux portes de Rome. Il réunit à Kierzy une assemblée des Grands du royaume afin de régler la bonne marche de l'empire durant son absence.

Il signe (on date l'évènement des 14/16 juin 877) un ensemble d'articles considérés comme fondateurs de la féodalité par l'hérédité des charges comtales, en principe temporaire, qu'ils organisent ; si un comte meurt, son fils aîné assisté de l'évêque et des principaux officiers du comté, gérera le comté, si un vassal meurt, sa veuve et ses enfants disposeront de ses bénéfices, ...

Après le démembrement par le Traité de Verdun de 843 de l'Empire de Charlemagne, soumis aux raids normands, l'émiettement du pouvoir se poursuit. Les comtes sont de plus en plus puissants, ils gouvernent leurs territoires pour eux-même. L'Empire se morcelle en contés indépendants. L'Eglise reste le seul lien qui unifie le monde Chrétien.

Charles devra finalement renoncer à son expédition italienne pour remettre de l'ordre dans son royaume. Mais à son retour, la dysenterie le mine et il meurt le 6 Octobre 877 à Avrieux prés de Modane. Avant de mourir, il nomme son fils Louis II le Bègue son successeur.  

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"L'Empereur tint son plaid général dans la deuxième moitié du mois de juin. Il décida par ses capitulaires comment son fils Louis gouvernerait le royaume de France, avec ses fidèles et les principaux du royaume jusqu'à son retour de Rome et, aussi, comment on lèverait un tribut dans la partie du royaume de France qu'il possédait avant la mort de Lothaire, ainsi que dans la Bourgogne. Il fut décidé aussi, si un comte meurt, dont le fils est avec nous, que notre fils avec nos autres fidèles désigne, parmi ceux qui auront été parmi les plus intimes familiers et les plus proches du défunt, celui qui veillera sur ce comté, avec les ministériaux du comté et l'évêque, jusqu'à ce qu'il nous en soit référé. Mais si le défunt laisse un fils en bas âge, que celui-ci avec les ministériaux du comté et l'évêque du diocèse, veille sur le comté, jusqu'à ce qu'un rapport nous soit parvenu. Si il n'y a pas de fils, que notre fils, avec nos autres fidèles, désigne celui qui, avec les ministériaux du comté et avec l'évêque, gérera le comté, jusqu'à ce que soit rendue notre décision. Et à ce propos que personne ne s'irrite s'il nous plaît de donner le comté à un autre qu'à l'intérimaire. On procédera pareillement à l'égard de nos vassaux. Et nous voulons et ordonnons expressément qu'aussi bien les évêques que les abbés et les comtes, et aussi nos autres fidèles, agissent de même vis-à-vis de leurs hommes. En ce qui concerne les évêchés et les abbayes, que l'évêque et le comte du ressort le plus proche exercent l'intérim. Si l'un de nos fidèles, après notre mort, veut, par amour pour Dieu, renoncer au monde, laissant un fils ou un proche capable de servir l'Etat, qu'il lui soit permis de lui transmettre ses honneurs, selon qu'il le jugera le meilleur. Et s'il veut vivre tranquillement sur son alleu, que nul n'ose lui faire obstacle, et qu'on ne lui demande rien, sauf d'aller à la défense de la patrie".

M. G. H., Capitularia regnum Francorum, II, p. 358.

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