1914
Départ pour la France
Le régiment de campagne du 4e Régiment de Spahis est formé à Sfax (Tunisie) à 4
escadron et embarqué le 1er septembre 1914 à Sfax également.
A cette date, l'état-major du Régiment a la composition suivante :
Colonel Couverchel, Commandant le Régiment,
Lieutenant-Colonel Schneider,
Chefs d'Escadrons Renn et B.R Bonneterre,
Capitaine Adjoint Dauphinot,
Lieutenant Crotel, officier d'approvisionnement,
Lieutenant Dandine, Officier payeur,
Treuvelot, vétérinaire major de 2e classe,
Couboules, médecin major de 2e classe
Aoustin, vétérinaire aide-major de Ire classe
Bellon, médecin aide-major de 1ere classe.
L'effectif du Régiment est de 31 Officiers, 666 hommes de troupe et 671 chevaux.
L'Aisne
Les escadrons débarquent à Marseille le 4 septembre 1914 et sont immédiatement
dirigés sur le camp retranché de Paris. Le 4e Spahis forme avec le 6e Régiment de
Marche de Spahis (Escadrons des 1e, 3e et 5e Spahis) une Brigade de marche qui est mise à
la disposition de la 6e Armée (Gal Maunoury) dans la région de l'Oise. Le 13, la
brigade reçoit l'ordre de passer l'Aisne, le plus rapidement possible, entre Jaulzy et
Vic-sur-Aisne. Le pays vallonné et boisé est difficile pour la Cavalerie et propice aux
embuscades. La Brigade est arrêtée par le feu de l'infanterie ennemie embusquée dans
les bois de Moulin-sous-Touvent et Nampcel puis poursuivie jusqu'au Sud de
Saint-Pierre-lès-Bitry par un tir progressif d'artillerie.
Le 15 septembre, la Brigade qui a repris sa marche en avant part d'Attichy et deux
Escadrons reçoivent l'ordre de se porter par Carlepont sur la Pommeraye, en soutien de
reconnaissance d'infanterie. Le Peloton d'avant-garde, arrivé à hauteur de Brétigny,
aperçoit une forte colonne de cavalerie ennemie qui se retire. Le lieutenant De Mesmay,
commandant ce peloton n'hésite pas à attaquer franchement I'arrière-garde de cette
colonne composée d'un Régiment de Uhlans, dont il tue plusieurs cavaliers et continue au
galop sur Brétigny, suivi par le demi-Régiment du Commandant B.R Bonneterre. Mais à la
lisière sud du village, des feux d'infanterie, de mitrailleuses et d'artillerie, obligent
les Spahis à se jeter dans les bois qui bordent la route.
Au cours de ce combat, une vingtaine de Spahis a disparu, mais les deux escadrons du 4e
Spahis sont l'objet de félicitations élogieuses du Commandant de la Brigade.
La Somme
Pendant tout le mois de septembre, le Régiment va continuer ses missions de
reconnaissance et de résistance ; il part dès l'aurore, les chevaux sellés dans la
nuit, il travaille tout le jour et rentre au bivouac dans les lignes de l'Infanterie à la
nuit est tombée. Le ravitaillement arrive au milieu de la nuit, quand il peut rejoindre.
Le temps est froid et pluvieux. Malgré ces longues étapes, une nourriture, composée
presque uniquement de vivres de réserve, les intempéries pénibles pour les Spahis
habitués au soleil d'Afrique, le moral est toujours excellent et tous conservent le
mordant nécessaire aux missions périlleuses qui leurs sont confiées durant les attaques
furieuses et les bombardements intenses qui ont lieu pendant la fin septembre dans le Sud
de la Somme.
Le 24 septembre au soir, notamment à la Chavate, la Brigade à cheval depuis le matin,
est obligée de tenir en respect, au combat à pied, des forces allemandes supérieures en
nombre. Cette résistance permet de rallier les forces entamées et d'opposer un barrage
solide au mouvement débordant des lignes allemandes. Plusieurs Officiers, Sous-Officiers
et Cavaliers sont cités à l'ordre du Régiment.
Mais si le courage des hommes a toujours réussi à se montrer plus fort que la fatigue,
les chevaux ont eu à fournir sans repos, durant 18 jours un effort presque au-dessus de
leurs forces. Bivouaqués dans la boue, sellés dans de mauvaises conditions; parfois 59
heures sur 62 (du 24 septembre, 9 heures, au 26 septembre, 19 heures) parcourant tous les
jours d'assez longues distances, beaucoup deviennent indisponibles et ne peuvent être
soignés par les vétérinaires durant les quelques heures de la nuit dont ils disposent.
Le commandement, reconnaissant qu'il est absolument nécessaire de donner quelque repos au
Régiment, décide qu'à partir du mois d'octobre, un demi-Régiment assurera, seul, le
service sur le front, le reste des Escadrons de la Brigade restant en cantonnement à la
disposition du Général commandant le corps d'armée.
Les mois d'octobre et de novembre avec leurs brouillards et leurs pluies fines et
fréquentes, vont être pour le 4e Spahis une période d'incessants changements, durant,
lesquels il aura à remplir un triple rôle; éclairer sur le front, assurer la liaison
avec les divisions voisines et se tenir constamment prêt, soit à appuyer les attaques,
soit à parer un fléchissement des lignes françaises. C'est ainsi que la Brigade passe
du grand plateau de la Somme aux plaines du Pas-de-Calais, traversant Contoire,
Faverolles, Pierrepont, Corbie, Pas, Thièvres, Saulty, Couturelle, Coin, Larbet, pour se
fixer le 12 novembre à Izel-les-Hameaux dans le Pas-de-Calais.
Le Pas-de-Calais
Attaque du château de Vermelles.
Le 30 novembre, des gens résolus sont nécessaires pour tenter un quatrième coup de main
sur le château de Vermelles (entre Béthune et Lens) qui, depuis un mois et demi, arrête
notre progression. On fait appel au 4e Spahis, grand honneur que tous comprennent car le
Colonel n'a que l'embarras du choix pour constituer le groupe franc de 80 Spahis, demandé
par le Commandement. Ce groupe se rend le 30 au soir à Mazingarde, d'où doit
partir l'attaque. Il échange ses armes avec une Compagnie de Territoriaux, et le
lendemain matin, des instructeurs d'Infanterie apprennent aux Spahis le maniement du fusil
et leur donnent quelques principes d'escrime à la baïonnette. C'est après une heure
d'exercice que ce groupe de Spahis devint la troupe d'Infanterie qui devait, deux heures
plus tard, mettre en fuite ou écraser deux Compagnies badoises occupant une position
jugée formidable.
A 11 heures, le signal de l'attaque est donné par l'explosion d'une mine qui doit faire
brèche dans le mur du parc. Les quatre groupes de 20 Spahis, sous les ordres du
Lieutenant Berger et du Sous-Lieutenant Allal Ghomry, s'élancent à pied et avec un élan
irrésistible en tète des troupes d'Infanterie. Le Maréchal des Logis Decousser et 19
cavaliers ont bondi les premiers sur le mur d'enceinte et l'escaladent. Ils sont rejoints
aussitôt par les autres groupes. Devant les Spahis, dans les boyaux du parc, les
Allemands affolés, tourbillonnent. Les Spahis franchissent tous les obstacles tirant et
pointant sans arrêt; rien ne leur résiste et d'un seul assaut ils enlèvent le parc, le
château en ruines et les maisons qui bordent le parc nord, massacrant au passage tout ce
qui n'a pu s'enfuir.
Le groupe franc à son retour à Mazingardes fut acclamé par toutes les troupes et
vivement félicité par le Général De Cadoudal pour son entrain, sa grande bravoure et
le magnifique résultat obtenu.
Après Vermelles, le Régiment prend quelques jours de repos, puis va s'installer à
Bully-Grenay pour assureur le service des tranchées de décembre 1914 à avril 1915, dans
le secteur de BulIy à Àix-Noulette (Sud-Est du Pas-de-Calais).
Il aura à y souffrir énormément du froid et beaucoup d'hommes, dont les pieds sont
gelés, devront être relevés. Là encore, le Régiment fera son devoir. Le 17 décembre,
un groupe d'éclaireurs est détaché au 21e Bataillon de Chasseurs à Pied, avec mission
de précéder l'infanterie dans une attaque contre les tranchées allemandes situées dans
un petit bois aux environs de Noulette. Le groupe s'élance bravement à l'assaut,
s'empare de la première ligne de laquelle il chasse les Allemands et, malgré un feu
violent de mitrailleuses ennemies réussit à se maintenir dans son gain en faisant le
coup de feu jusqu' au soir.
1915
En mai 1915, une nouvelle attaque est projetée contre les "ouvrages blancs"
d'Angres, dans la région de Lens. Les Spahis sont demandés pour donner, encore une fois,
la preuve de leur audace en attaquant à pied des ouvrages allemands, très fortement
organisés, qu'il s'agit d'enlever par un coup de main hardi et de conserver coûte que
coûte.
Le 8 mai, cent Spahis encadrés sont fournis par le Régiment et le 25, cinquante autres
doivent prendre part dans les mêmes conditions a une nouvelle opération de concert avec
l'lnfanterie.
Comme à Vermelles, c'est tout le Régiment qui est volontaire et tous se disputent
l'honneur d'être de l'attaque. Le 19 mai, à 17 heures sous les ordres du Capitaine
Paoli, du Lieutenant Labarbe et du Sous-Lieutenant de Coincy, au signal de l'explosion des
mines, les Spahis s'élancent hors des tranchées. Ils trouvent, en face d'eux une masse
de bastions et de tranchées que nos troupes appellent les "ouvrages blancs"
parce que, creusés dans un sol crayeux, ils couronnent la crête d'un labyrinthe
blanchâtre. Les hommes, avec un mépris prodigieux de l'adversaire ne s'arrêtent pas à
ces tranchées qu'ils débordent ; tout au plus enferment-ils parfois des groupes entiers
d'Allemands qui n'ont pas eu le temps de sortir de leurs abris. Aussi, en quelques minutes
avec des pertes minimes, le détachement atteint la deuxième ligne ou les Allemands
surpris et terrorisés, sont massacrés au nombre de plus de 300. 80 sont faits
prisonniers. Mais les obus et les grosses grenades pleuvent et insuffisamment appuyé et
fortement mitraillé le groupe réduit de moitié, est obligé de rétrograder jusqu'à la
première ligne allemande, dans laquelle il réussit à se maintenir malgré un feu d'enfer.
Dans cette affaire, il y a eu de lourdes pertes ; le Sous-lieutenant de Coincy, qui combat
vaillamment jusqu'au soir à la tête de son groupe, trouve une mort glorieuse dans la
lutte; 6 Sous-Officiers sur 8 et 12 Brigadiers sur 14 n'ont pas reparu; la majeure partie
de l'ouvrage étant retombée aux mains de l'ennemi, il a été impossible de déterminer
le nom des morts et blessés relevés par l'ennemi.
Tout le groupe d'éclaireurs obtint la citation suivante à l'Ordre de la 10e Armée:
Le groupe d'éclaireurs du 4e Spahis chargé de l'attaque d'un ouvrage allemand très
fortement organisé, s'est formé pour I'assaut avec autant de calme qu'au terrain de
manœuvre. Ils se sont élancés à l'assaut, officiers en tête avec une fougue
et un courage admirable, ont occupé la plus grande partie de l'ouvrage, s'y sont
maintenus avec un complet mépris du danger malgré les fortes pertes que leur a fait
subir le feu d'Artillerie et de l'infanterie allemande.
Le 25 mai, sous les ordres du Capitaine Brabet et du Sous-lieutenant De La Croix, le
second groupe formé fit, de concert avec l'Infanterie, une nouvelle tentative sur les
ouvrages blancs occupés en partie par les Allemands. Comme le 8 mai, les deuxièmes
lignes furent atteintes dans un élan splendide et occupées. Les Spahis, malgré leur
petit nombre, repoussèrent à la baïonnette quatre contre-attaques allemandes et firent
une hécatombe d'ennemis.
Après les opérations des Ouvrages Blancs, le Régiment avait besoin d'être réuni pour
pouvoir s'organiser; la moitié des effectifs fournis les 8 et 25 mai, avait été mise
hors de combat. Aussi le 27 mai la réserve à pied de BuIly est supprimée et le 4e
Spahis n'a plus d'hommes détachés au service des tranchées. Il va être en mesure de se
reformer, de compléter son effectif en hommes et de se préparer à repartir dans de
meilleures conditions.
Le 19 juin, après un séjour de un mois plus à l'est à Hestrus, le Régiment va
cantonner à Pernes. Le 1er juillet, 500 Cavaliers à Pied, dont 200 du 4e Spahis, sont
mis à la disposition de la 4e D.I. Ils vont occuper les abris situés sur la piste allant
de Petit-Servins à Maison Forestière (lisière ouest du bois de Bouvigny) et font le
service de première et deuxième lignes. Pendant ce séjour aux tranchées, les Spahis
supportèrent des bombardements parfois violents; qui causèrent des pertes assez
sérieuses.
Les Spahis se distinguèrent particulièrement dans des missions de reconnaissance souvent
très périlleuses. Le 15 septembre, une de ces patrouilles, commandée par le Brigadier
d'Arras, se heurte à une forte patrouille allemande. Malgré l'infériorité numérique
(quatre contre quinze) malgré la différence d'armes (mousqueton contre fusil), le
Brigadier d'Arras sans perdre une minute s'élance à la baïonnette sur l'ennemi avec ses
trois hommes. La patrouille allemande, après un terrible corps à corps, se retire,
laissant cinq des siens sur le terrain, dont un Officier, sur le corps duquel on retrouve
des notes précieuses pour le Commandement. Le Brigadier rentre avec deux de ses hommes,
tous trois blessés. Cette action glorieuse valut une citation à chacun de ces braves.
Le 22 septembre 1915, les Spahis sont relevés de leur service aux tranchées; ils
changent de cantonnements et on les retrouve le 1er octobre a Bergueneuse au nord d'Anvin,
d'où ils reprennent, le 9, le service des tranchées. Comme auparavant, le 4e Spahis
fournit 200 hommes qui sont mis en soutien de la ligne de sous-secteur, ils occupent le
chemin creux Souchez-Angres.
Le 13 octobre, il s'agit d'opérer un coup de main sur un poste allemand. Le Lieutenant de
Kerverseau fait, sous un bombardement violent, une reconnaissance judicieuse. Le 13 au
soir, les Allemands ont prononcé une attaque très violente et ont pris deux tranchées
françaises, défendues par le 31e Bataillon de Chasseurs à Pied, dont une Compagnie a
été éprouvée. Le Lieutenant Ghomri, avec une quarantaine de gradés et hommes, est
désigné pour cet engagement, L'attaque se produit le 14 à 9 heures, mais ne réussit
pas complètement, les éléments voisins n'ayant pu progresser. L'assaut est décidé à
nouveau pour 16 heures. Il sera exécuté par un escadron du groupe de Spahis, soutenu par
une Compagnie d'infanterie et précédé d'une fraction de Grenadiers. Le combat s'engage
à la grenade, mais se transforme vite en un abordage à la baïonnette dans lequel les
Spahis ont rapidement l'avantage.
Les Allemands cèdent. Le Capitaine Trillat s'est porté à la hauteur de la première
ligne et sa présence électrise ses hommes. Blessé d'une balle au bras, il continue son
mouvement en avant, exhortant toujours ses Spahis. Une nouvelle blessure à l'épaule
gauche le renverse; il essaie de se relever mais, trahi par ses forces, il passe le
commandement au Lieutenant Labarbe et ne quitte le terrain de la lutte que lorsqu'il voit
la progression s'accentuer. A 16h25, la position est à nous.
L'hiver arrive avec la fin octobre, et, pendant les mois suivants, le 4e Spahis continue
à tenir les tranchées.
1916
Le 15 janvier, le détachement de 200 hommes fourni aux tranchées, est remis à la
disposition du régiment. Le 17 janvier 1916. la Brigade de marche des Spahis, change sa
composition. Elle sera formée du 4e Spahis et du Régiment de Spahis marocains.
Toutefois, le 4e Spahis reste provisoirement à la disposition du 9e Corps d'Armée et
s'installe à Hétrus et à Tangry. Le 21, le 4e Spahis est affecté comme Cavalerie de
Corps au 33e C.A.. Il cantonne à Hernicourt, Berthonval, Sautricourt, St Martin, toujours
dans le Pas-de-Calais, et assure un service de surveillance générale.
Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse
Le 1er mars 1916, le Régiment embarque à Wavrans-sur-Ternoise et quitte le Pas-de-Calais
; dés lors, il ne fait que voyager. Il se rend d'abord dans la Marne, traverse ensuite la
Meuse pour passer dans la Meurthe-et-Moselle, le 4 avril à Saulxures et Allamps.
Enfin le 18 mai, le Régiment revient sur la frontière de l'Est, traverse la Meuse à
Vertusey et Corneiville. C'est de là qu'il prend le service des avant-lignes dans le
secteur de Étangs (Est d'Apremont).
Il le garde jusqu'au 5 juillet, date à laquelle il quitte ce secteur pour occuper dans
celui de St-Baussant, plus au nord, les ouvrages des Mortiers et de la Cortine-ouest, à
l'ouest de Xivray.
Ce séjour dans la Marne et la Meuse n'a pas été pour le Régiment une période de
repos. Pendant que les uns occupaient les avants-postes, les autres poussaient activement
leur instruction de spécialistes (grenadiers fusiliers-mitrailleurs
agents de liaison, etc.).
Le service dans le secteur des Étangs et dans celui de Xivray fut pénible aux Spahis qui
durent organiser complètement ces défenses en s'employant de jour et de nuit à des
travaux de construction d'abris. Par ailleurs, le Régiment a dû fournir, à maintes
reprises, des détachements de liaison à l'Artillerie (de Verdun notamment) et des
coureurs à l'infanterie, Les uns et les autres se sont fait particulièrement remarquer
par leur courage, leur entrain et leur résistance.
Le 25 juillet, le Régiment est relevé de son service en première ligne et revient, dans
la Meurthe-et-Moselle à Colombey-les-BeIles où il cantonne jusqu'au 14 août. A cette
date, il embarque à Barisey-la-Cote, a destination de Conty, dans la Somme. Il s'installe
à Thieullot-la-ViIle, puis se rend le 20 à Lamotte-en-Santerre.
Somme, Oise et Aisne.
A peine arrivé dans cette dernière localité, le 4e Spahis doit fournir un escadron pour
la police des routes, des agents de liaison à l'Artillerie, et un détachement d'hommes
à pied mis à la disposition du Général Viollaud, pour participer à la défense de
secteur de tranchées entre Feuillêres et Blaches.
Cette zone du front est particulièrement dangereuse ; les obus tombent sans discontinuer
et la surveillance qui incombe aux Spahis est difficile.
Ce n'est que le 3 novembre 1916, que le 4e Spahis est relevé de son service en secteur.
Il stationne à Lamotte-en-Santerre, prêt à être embarqué avec la 77e DI.
Le 7 novembre, la moitié du Régiment s'embarque à Boves d'où elle se rend en chemin de
fer à Villers-Cotterets et de là cantonne à Ivores, dans l'Oise. Elle y est rejointe le
25 par le reste du Régiment qui a fait le trajet par étapes à cheval depuis Lamotte. Le
29 novembre, deux escadrons vont cantonner à Vez et assurent la relève des tranchées
occupées précédemment par un détachement du 7e Spahis. L'État-major quitte à son
tour Ivores le 2 décembre, pour se porter à Haramont, dans l'Aisne.
Enfin, le 4 décembre, les 4 escadrons du 4e Spahis sont regroupés aux ordres du
Colonel Du Jonchay, dans la zone de cantonnement Haramont, Longpré, Bonneuil. Là, le
Régiment fournit un détachement de 140 hommes destinés à remplacer les hussards qui
occupent les tranchées dans le secteur Berry-CheviIecourt. Le bombardement est très
intense dans ce centre de résistance et le Régiment a une dizaine de blessés.
Le 31 décembre 1916, le 4e Spahis est divisé en deux groupes d'escadrons divisionnaires:
deux escadrons cantonnés à Longpré et les Fossés, sont rattachés à la 70e D.I (33e
C.A., Ire Armée) et les deux autres, cantonnés à Bonneuil-en-Valois, sont rattachés à
la 77e D.I.. Néanmoins, les deux groupes continuent à avoir chacun 80 hommes aux
tranchées de Chevicourt jusqu'au 6 mars 1917. A cette date, les Spahis sont relevés de
leur service en secteur; ils rejoignent leur cantonnement pour permettre de donner, dans
les escadrons, l'instruction du nouveau règlement sur l'emploi de la cavalerie dans le
combat.
Ce repos ne devait pas être de longue durée.
Le 17 mars, en effet, les lignes solidement tenues par les Allemands depuis plus de 2 ans,
et qu'ils avaient défendu avec opiniâtreté, ont soudain cédé depuis Arras jusqu'au
nord-ouest de Soissons, la guerre de tranchées a fait place à la guerre de mouvement.
La cavalerie a trouvé son emploi. On se rendit compte dans la matinée du 17, que
l'ennemi refusait la bataille et se retirait avec rapidité. Ce fût alors une course en
rase campagne.
Le 17 mars, les groupes d'escadrons divisionnaires du 4e Spahis sont mis à la disposition
des 70e et 77e D.I. Dès le 18, les deux groupes commencent chacun de leur côté, leurs
missions de reconnaissance et de liaison. Le groupe Roussel de la 70e D.l. qui opère le
long de l'Oise à la gauche de la 77e D.I., lance plusieurs reconnaissances d'Officiers et
de Sous-Officiers sur l'Ailette, par Blérancourt et Saint-Paul-aux-Bois, par Besmé et
Manicamp. Elles ont pour mission de reconnaître la ligne, d'arrêter l'ennemi, de tâcher
de préciser exactement les points occupés et de voir si les passages sur le canal de l'Ailette
sont détruits ou non.
Au groupe Courtot de la 77e D.I., la même mission incombe aux Spahis: des reconnaissances
sont poussées vers l'Ailette, les unes par Fontenoy, Tartiers, Vezaponin,
Pont-Saint-Mard, les autres par la Forêt des champs des-Lottes, les Bourguignons.
En même temps, un détachement se porte sur Vaurezy, Villers-la-Fosse pour prendre
contact avec le 37e C.A et assurer la liaison, tandis que des pelotons sont mis à la
disposition des 93e et 88e Brigade.
Le 18 au soir, entre I'Oise et Soissons, toute la ligne allemande tombait aux mains des
français qui, prenaient pied sur le plateau au nord de Soissons et occupaient Crouy.
Du 19 au 22, le Régiment continue à avancer et le rôle des groupes est identique, c'est
à dire qu'ils assurent la liaison et envoient des reconnaissances jusqu'a l'Ailette,
reconnaissances très dangereuses.
Le 23, l'infanterie est en contact sur l'Ailette et les groupes attendent ; le 1er à
Bieuxy, le second à Camelin. L'ennemi est parvenu sur la fameuse ligne Hindenbourg, il y
a entrepris une sérieuse résistance. Esquissée depuis le 20 mars, elle a depuis cette
date, été en s'accentuant.
Bien que les massifs boisés de Coucy et de Saint-Gobain constituent une solide défense
naturelle, c'est cependant dans ce secteur que nos progrès ont été les plus sensibles.
Depuis le 22 mars, des éléments de plus en plus nombreux de nos diverses armes ont
franchi l'Ailette. Le 24, nous avons rejeté les arrières-gardes allemandes dans la basse
forêt de Coucy où nous avons pénétré nous-mêmes le lendemain atteignant les abords
de FoIembray et de Coucy-le-Château . Le 26, en dépit du mauvais temps et de la
résistance ennemie, nos patrouilles se sont avancées dans la Basse Forêt dont toute la
partie nord tombait en notre pouvoir ainsi que Folembray, La Feuillée et
Coucy-le-Château.
Les 27 et 28, le groupe Courtot (77e DI) reçoit l'ordre de passer au Nord de l'Ailette et
de reconnaître, dans la direction générale de la Ferme rouge, Landricourt,
Quincy-Basse. Il s'agît de refouler les éléments ennemis qui occuperaient encore la
région comprise entre Landricourt et l'Ailette, et de se rendre compte si le mouvement de
repli se poursuit. Les reconnaissances accomplissent parfaitement leurs missions et
donnent d'excellents renseignements.
Le 29 mars, les objectifs sont atteints et le 33e C.A. s'organise défensivement. La
Cavalerie rejoint ses cantonnements à Cuts (70e D.I.) Bieuxy (77e D.I).
Depuis le 19 mars, la poursuite a été ralentie par le mauvais temps et la destruction
systématique de toutes les voies de communications.
Au cours de cette période particulièrement active, le Régiment avait fait preuve des
plus brillantes qualités militaires. Aussi la valeur du Régiment fut elle officiellement
reconnue par les deux ordres suivants :
Ordre n° 10721 du 33 C.A.
Au moment de se séparer du 4e Régiment de Spahis, le Général Commandant la 33e C.A.
tient à exprimer à ce beau Régiment toute la satisfaction des excellents services qu'il
a rendus au Corps d'Armée au cours de la campagne. A Verdun et en Woëvre, sur la Somme
et sur l'Aisne, il dépensa, pour le service des liaisons ou la défense du secteur, une
activité que les événements ne lui permettaient pas d'utiliser suivant la tactique de
son arme. Remonté à cheval pour la poursuite vers l'Ailette et la forêt de
Saint-Gobain, il montra qu'il avait su conserver ses qualités de perçant et d'audace.
Le Général Commandant la 33e C.A regrette de voir partir vers de nouveaux et lointains
théâtres d'opérations le 4e Spahis qui, en toutes circonstances, a fait preuve du plus
bel esprit de devoir et saura certainement, partout où il ira, maintenir ses brillantes
traditions.
Ordre n 534 de la 77e D.I.
Par décision du Général en Chef, en date du 10 juillet 1917, le 4e Spahis cesse de
constituer la Cavalerie de Corps d'Armée.
Le Général Commandant la 77e DI ne veut pas se séparer de ses escadrons divisionnaires
sans exprimer au Chef de Corps, aux Officiers et Spahis de tous grades, les regrets qu'il
éprouve en les voyant quitter la Division.
En toutes circonstances et notamment pendant les opérations de poursuite auxquelles ces
escadrons ont brillamment participé, le 4e Spahis a donné la mesure de ce qu'on pouvait
attendre de ce beau Régiment. Il saura, sur un autre théâtre d'opérations, fournir de
nouvelles preuves de sa valeur. Salut à Son Étendard.
Après la poursuite sur l'Ailette, les Groupes passent les mois d'avril et mai à Cuts,
Gisancourt et Lombray. Ils y font de l'instruction et alternent pour le service dans les
70e et 77e DI. (établissement des liaisons et poste de correspondance).
Le 26 juillet, l'État-major et le PHR du Régiment qui avaient été divisés en trois
groupes à la date du 1er janvier 1917 sont regroupés à Septmonts, en exécution des
prescriptions du Général en Chef qui ordonnent le retrait du front Nord-Est de toutes
les unités de Spahis. Dès lors, le régiment ne devant plus participer aux opérations
sur le front, ne fournit qu'un travail d'armée en attendant que les moyens de transport
permettent son embarquement.
Retour en Tunisie
Après divers changements de cantonnements, le 4e Spahis est rassemblé en entier, le 17
octobre, à la Carrière d'Évêque (près de Soissons). Il embarque à Longpont à
destination de Tarascon, d'où il rejoint Marseille, puis Bizerte en Tunisie.
Au retour du régiment en Tunisie, deux escadrons sont envoyés dans le Sud Tunisien
tandis que les deux autres s'installent à Bizerte et dans le Cap Bon.
1918
Aisne et Oise (juillet-novembre 1918).
En juillet 1918, en prévision de l'offensive générale alliée, on fit appel de nouveau
au 4e Spahis, pour coopérer aux opérations sur le front français. Les 6e et 7e
Escadrons, stationnés dans le Nord de la Tunisie, s'embarquent le 13 juillet à Bizerte
et sont immédiatement affectés comme Escadrons Divisionnaires, le premier à la 37e DI,
le second à la 45e DI.
Jusqu'au 30 août, leur rôle sera celui de tout escadron divisionnaire, c'est à dire
qu'ils fourniront continuellement des escortes pour l'évacuation des prisonniers, des
détachements pour assurer les diverses liaisons, etc. Le 30 août, le 6e Escadron est
près de Noyon. Il reçoit l'ordre d'interdire l'accès de la ville à toute troupe
isolée. Le peloton de l'Aspirant De Matteis, chargé de ce service, se fractionne en
petits postes Ceux-ci sont soumis, tous les jours, à des bombardements incessants d'obus
explosifs et à gaz, car l'ennemi est tout près et à une vue directe sur les carrefours
gardés.
Le 4 septembre, la cavalerie se porte sur la route de Noyon à Chauny. L'ennemi lâche sa
position du Mont Saint-Siméon pour se retirer dans la direction de l'est vers Chauny; des
patrouilles sont envoyées pour prendre le contact et on retrouve là, le rôle des
escadrons en mars 1917.
Au 7 septembre, l'infanterie allemande a profité de la nuit pour se retirer derrière le
canal de Saint Quentin. La cavalerie va reprendre, dès le jour, son emplacement de la
veille entre Chauny et Vizy Noureuil, envoyant sur le canal en avant d'elle diverses
reconnaissances.
Le 7 septembre, à 14 heures, la cavalerie reçoit l'ordre de se transporter à la gare de
Condren car, en raison de la nature du terrain, elle ne peut intervenir dans la bataille.
Il faut arriver au 4 novembre pour voir les Spahis prendre de nouveau une part active aux
opérations. A cette date, l'Armée se porte à l'attaque en liaison avec l'armée
britannique.
Le 4e Spahis prend le contact avec l'ennemi sur le Sourd, assurant également la liaison
avec les éléments d'infanterie. Le 8 novembre, la marche en avant est reprise par la
division. Le Sous-Lieutenant Grand, en reconnaissance sur Hirson, se dirige sur
Neuve-Maison où l'ennemi a été signalé la veille. Un feu intense de mitrailleuses l'empêche
de progresser, mais il maintient le contact jusqu'à l'arrivée des Tirailleurs. Le
lendemain, il reconnaît sur Mondrepuis, puis sur Anor, au nord d'Hirson, signalant les
différents mouvements de l'ennemi pendant son repli.
L'armistice vient interrompre cette activité.
Sources : "L'Armée Tunisienne" Commandant R.DREVET, 1922, Weber
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