L'ombre de Pétain, l'encombrant survivant

L'ombre de Pétain plane sur les années 30. Contrairement à sa légende, en mai 1940, Pétain ne sort pas providentiellement de sa retraite à 84 ans, alors qu’il ne demandait rien. Il joue un rôle politique particulièrement actif entre les deux guerres, malgré une popularité en réalité discutable.

     

Grand Occident, le judéo-maçon, voilà l'ennemi, avril 1939


C'est Pétain qu'il nous faut, G. Hervé, 1936

Dès le milieu des années 30, le nom de Pétain est lié au facisme français

S'il est un ouvrage que les Français devraient avoir lu après Mein Kampf, c'est celui publié en 1936 par le journal « socialiste-national » La Victoire, qui présente le programme de la révolution nationale, que Pétain portera en 1940 !

Cette publication peu connue s'inscrit dans une campagne de presse, mentionnée dans le Procès de Pétain de 1944, autre document historique rarement présenté. On trouve ainsi dans le journal antisémite et antimaçon de Lucien Pemjean « Grand Occident » du 15 avril 1939 (jour de la réélection d'Albert Lebrun pour un second mandat), sous l’emblème de la hache double et la formule habituelle « Le judéo-maçonnique, voilà l’ennemi » : « Pétain au pouvoir ! ».

On relève dans ces publications l'idée chère à Pétain de faire de l’organisation professionnelle le cadre d’un état autoritaire et hiérarchique, dont la loi du 16 août 1940 marquera une première application. 

Mais surtout, Pétain était dès cette époque en rapport avec la mouvance antirépublicaine et autres membres de « La Cagoule », dont le but était de renverser la gueuse et de la remplacer par un régime dictatorial à l’instar de ceux de Rome ou Berlin. On retrouvera à Vichy la plupart de ces individus : Alibert, Darlan, Huntziger, Déat, Laval, Méténier, Jantet, Filiol, ...

Aucun hasard donc en réalité dans le retour au pouvoir de l'un des derniers grands survivants de la Grande Guerre en 1934 puis en 1940.

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Une influence décisive sur la doctrine militaire française

Pétain, fait Maréchal de France en novembre 1918, reste Commandant en chef des armées bien après la guerre. Il est en outre nommé vice-président du Conseil supérieur de la guerre en janvier 1920. L'état-major général de l'armée est sous son autorité ainsi que le chef d'état-major général. En février 1922, il devient également Inspecteur général de l'armée et membre du Conseil supérieur de la défense nationale. En février 1931, il reçoit le poste d'Inspecteur général de la défense aérienne du territoire, après avoir transmis au général Weygand les fonctions de vice-président du Conseil supérieur de la guerre et d'Inspecteur général de l'armée. Il est Ministre de la Guerre en février 1934 , membre du Comité Permanent de la Défense Nationale en 1936, ...

Pétain a dès lors une influence décisive sur la doctrine militaire française de l'entre-deux guerres. Hélas, "les conceptions stratégiques qu’il va défendre et imposer à l’Armée française sont encore strictement conformes à son expérience du début de l’autre conflit [1914-1918]: il ne croit pas au rôle offensif des tanks ni aux divisions blindées. Il préconise l’édification de la ligne Maginot, derrière laquelle nos combattants de 1939 vont se croire à l’abri et attendrons paisiblement l’offensive allemande, qui se déclenchera ailleurs." (Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine). 


En 1934, au moment où l'Allemagne commence à réarmer massivement, il déclare devant la Commission de l'armée du Sénat, concernant l'achèvement de la Ligne Maginot, que "Les forêts des Ardennes sont impénétrables. Ce secteur n'est pas dangereux." Personne ou presque n'ose alors remettre en cause ces paroles. C'est à cet endroit précis que les blindés allemands opéreront leur percée en mai 1940. Les crédits destinées à la fortification de la frontière nord ne seront pour autant pas affectés ailleurs et dès lors, l'armée française de 1940 manquera à peu près de tout sauf de courage. 

Pas de Vichy sans Verdun

Le prestige du "Vainqueur de Verdun" serait une explication à cet aveuglement général. Or, Pétain doit la haute distinction (qui lui a été retirée en 1945) plus à sa popularité après 1917 qu'à de réelles qualités de stratège. Nombre de chefs militaires et politiques de la Grande Guerre sont en effet loin de partager l'enthousiasme populaire

Militaire à la réussite tardive, il est en 1914 à 58 ans colonel en fin de carrière, le grade de général lui ayant été refusé. Il fera partie des officiers rapidement promus au début de la guerre, au moment où Joffre limoge nombre de ses généraux après la retraite de l'armée française en aout 1914 : Pétain devient général de brigade le 31 août 1914, général de division le 14 septembre, général de corps d'armée le 20 octobre. Après les hécatombes des premiers combats, il entend incarner le souci d'épargner le sang ("le feu tue"), ce qui le rend populaire parmi ses hommes. 

C'est ainsi qu'à Verdun, en 1916 il conseille l'abandon de la rive droite de la Meuse ! Joffre, Foch et Clémenceau reprochent à Pétain son pessimisme et attribuent la victoire de Verdun à Nivelle et Mangin. Le général anglais Wilson en parlait comme d'un "général pacifiste". En 1918, il s'oppose à l'offensive générale de Foch estimant la victoire impossible !

Mais passant derrière Nivelle comme commandant en chef des armées françaises, en arrêtant les offensives inutilement meurtrières et en libéralisant le régime des permissions, il gagne auprès de l'opinion la réputation d’un chef compréhensif et soucieux d’épargner le sang des soldats ... ce qui ne l'empêche pas de fusiller quelques mutins en 1917, coupables à ses yeux de défaitisme ! ou d'être favorable, contre l'avis général, à la poursuite de la guerre en 1918 lorsque le rapport de force est favorable aux alliés avec l'intervention américaine. 

Déjà convaincu de la supériorité allemande, Pétain est nommé maréchal dans l'euphorie de la victoire, pour éviter des discriminations fâcheuses : mésestimé par les militaires et politiques, il n'a pas trop de sang sur les mains. Pétain sera dès lors une figure humiliée de la première guerre mondiale qui cachera ses ressentiments derrière un prestige de façade que son son âge accroit. 

Il existerait ainsi deux visions de la "victoire" de Verdun, note Marc Ferro dans sa biographie de Pétain ; celle des chefs militaires et politiques, qui la mettent au crédit de Nivelle, et celle des combattants, qui ne connaissent que Pétain, pourtant écarté dès le mois d'avril. Cette réputation se maintient pendant l’entre-deux-guerres bien au delà des anciens combattants et lui permettra d'accéder au pouvoir en 1940.

Pour André Kaspi, "Le Pétain collaborateur de 1940-1944 n’a pu égarer les Français et en convaincre bon nombre de le suivre que parce qu’il bénéficiait du prestige du Pétain de 1914-1918. L’un n’aurait pas existé sans l’autre."

L'avis mitigé de Clémenceau : « [Pétain] n'a pas d'idées, il n'a pas de coeur, il est toujours sombre sur les événements, sévère sans rémission dans ses jugements sur ses camarades et sur ses subordonnés. Sa valeur militaire est loin d'être exceptionnelle, il a dans l'action une certaine timidité, un certain manque de cran. [...] C'est un administrateur plus qu'un chef. À d'autres, l'imagination et la fougue. Il est bien à sa place si, au-dessus de lui, se trouvent des hommes pour décider en cas grave. » (cité dans Pétain en vérité , de Marc Ferro, Tallandier, 2013).  

Pétain, l'imposteur de Verdun

Plutôt Hitler que Blum, le choix de la défaite

A ses erreurs de jugement sur la doctrine militaire, dont il osera reprocher les conséquences dramatiques en 1940 à la troupe ou au front populaire, Pétain vient ajouter un parcours politique d'une quinzaine d'années, pour la période qui nous intéresse, qui conduit la France à la défaite et le vieux Maréchal aux pleins pouvoir en juillet 1940. 

Il se développe en effet dans l'entre-deux guerres en France un courant déterminé à mettre en place un pouvoir réactionnaire fort (hostile aux acquis de 1789) à tous prix, y compris celui de la défaite, courant minoritaire dans l'opinion, mais que Pétain usant de son aura va incarner puis imposer en juin 1940, abusant une large partie des politiques et des français peu éclairés sur ses véritables intentions.

Pétain s'est tout d'abord distingué en 1925-1926 (De Gaulle dira en 1940 : "Pétain est un grand homme, mort en 1925. Le drame, c'est qu'il ne l'a pas su"lors de la lointaine guerre du Rif, au Maroc espagnol où, après avoir fait évincer Lyautey, résident général au Maroc depuis 1912 prônant un "système plus civilisé et plus humain" dans les colonies françaises, Pétain s'est allié à la jeune dictature de Primo de Rivera, au côté d'un certain colonel Franco, pour écraser sans ménagement la "République du Rif". Il y fait notamment usage des "méthodes de la guerre moderne" en déversant par avion du gaz moutarde sur les campements et les villages des Rifains. Tandis que certains lui reprochent d'avoir utilisé "un marteau-pilon pour écraser une mouche", d'autres se félicitent de cette reprise en main musclée et des liens établis avec la dictature espagnole.

Face aux difficultés économiques d'après-guerre, une partie de la droite glisse en effet à l'époque vers un nationalisme autoritaire ; la France doit se tourner vers son empire coloniale et un pouvoir fort pour sortir de la crise et en finir avec le libéralisme parlementaire de la IIIe République, qui ne parvient pas à se réformer. Pourquoi pas un "dictateur pour la France", patrie de Maurras ? Certains industriels et politiques fascinés par l'exemple de Mussolini, de Salazar, de Franco, ... financent mouvements, ligues, presse pour monter "à l'assaut de la République" et finiront par faire le choix de la défaite. (cf. Le choix de la défaite, Annie Lacroix-Riz).

Les émeutes sanglantes du 6 février 1934 permettent à Pétain d'être appelé au Ministère de la Guerre par l'ancien président de la République, Gaston Doumergue, dans un gouvernement "d'union nationale" en fait dominé par la droite parlementaire battue aux dernières élections législatives de 1932 ! mais qui contente les ligues d’extrême droite venant d'obtenir le départ de Daladier !

Cette première expérience ministérielle coïncide ainsi non seulement avec la première démission d’un gouvernement sous la pression de la rue mais surtout avec le moment où la droite durcit son discours en France : Il faut un chef à la France (Hilter a pris le pouvoir en Allemagne un an auparavant).

Le gouvernement Doumergue tombe en novembre 1934 mais l'extrême droite reste favorable au maréchal. Le fasciste Gustave Hervé, dans son journal "La Victoire", qui fait régulièrement l'apologie de Mussolini, écrit en février 1935 "C'est Pétain qu'il nous faut". Léon Daudet, royaliste et antisémite, qui soutient dans l'Action Française de Maurras le fascisme de Mussolini et espère lors de la manifestation du 6 février 1934, la chute de la "Gueuse", écrit en avril 1935 : "Le véritable Président du Conseil, à l'heure actuelle devrait être le maréchal Pétain, avec les pleins pouvoirs". Maurras parlera de "divine surprise" lorsque la défaite de 1940 amènera Pétain au pouvoir ...

Le 1er juin 1935, Pétain accepte un portefeuille de ministre d'Etat dans le gouvernement Buisson, qui réclame des pouvoirs exceptionnels pour résoudre la crise. Ce gouvernement est renversé dès sa première présentation devant la chambre des députés. 

Après la victoire du Front Populaire en 1936, la droite française se radicalise encore davantage et proclame désormais tout haut "Plutôt Hitler que Blum." Le "pacifisme" pro allemand (cf Mourir pour Dantzig ? article de Marcel Déat paru le 4 mai 1939 dans l'Œuvre accusant les dirigeants de la IIIe République de bellicistes manipulés par l'Angleterre) et le "modèle" allemand et l'opposition avec tout ce que la France a connu depuis 1789 font leur chemin ; sont visées les forces de l'anti-France dénoncées par Maurras : les sans-Dieu ; francs-maçons, juifs, protestants, laïcistes à l'origine des lois anti-religieuses de 1904 et de séparation de l'Église et de l'État de 1905, les sans-patrie ; internationalistes, communistes, ... et toutes les formes de la modernité, l'idéologie bourgeoise, libérale, individualiste ...

Pétain évite soigneusement de dénoncer en public le Front populaire ou l’Espagne républicaine mais sera à nouveau pressenti en 1937 lors du complot de "la Cagoule" visant à renverser la république et à porter un militaire prestigieux (lui-même ou Franchet d’Esperey) à la tête de l’État.

Auprès de Franco

En mars 1939, Pétain est nommé ambassadeur auprès de Franco, qui vient d'écraser la république espagnole et dont le gouvernement vient d'être reconnu par la France. Les deux chefs militaires se connaissent depuis les opérations conjointes au Maroc contre les rebelles du Rif. Franco apprécie Pétain. On fait confiance à Pétain pour faire oublier la position de la France pendant la Guerre Civile. Il doit négocier avec Franco le retour de l’or de la Banque d’Espagne que le gouvernement républicain avait déposé en France ainsi que des peintures du Musée du Prado. 

La nomination de Pétain auprès de Franco est controversée en France. La droite salue cette décision, les deux hommes se connaissent et s'apprécient. Un certain colonel de Gaulle soupçonne que le vieux maréchal prend goût au pouvoir : "Il accepterait n’importe quoi, tant le gagne l’ambition sénile". La gauche est hostile à cette nomination, Léon Blum signale dans Le Populaire que "Le poste le plus noble, le plus humain de nos chefs militaires ne se trouve pas aux côtés de Franco".  

Connaissant l'état réel de l'armée, il est opposé à l'entrée en guerre de la France. Pour ses amis "pacifistes", s'attaquer à Hitler serait une croisade juive.

Demeuré défaitiste dans l'âme, Pétain ne cache pas son sentiment sur l'issue de la guerre qui s'annonce. L'ambassadeur est vite réputé, dans les chancelleries italiennes et allemandes, pour être le représentant de ceux qui souhaitent la paix et l'arrêt des hostilités avec l'Allemagne nazie (p. 9 de la préface de Maurice Moissonnier dans De la République à l'État français : le chemin de Vichy, 1930-1940, Jean Lévy et Simon Pietri). Au printemps 1940, lorsque s'engagent les combats, ses propos sur la désorganisation de la France sont rapportés jusqu'à Berlin (id). 

Lorsqu'il est rappelé par Paul Reynaud en mai 1940, plusieurs auteurs relatent que Franco déconseille à Pétain de retourner en France : "N'associez pas pas votre nom à une défaite qui n'est pas la vôtre". On pense à Paris que Pétain pourra obtenir des conditions de paix plus avantageuses s’ils négocient, avant la déroute totale de la France, avec Hitler par l'intermédiaire de Franco et Mussolini moyennant quelques arrangements territoriaux en méditerranée (Malte, Gibraltar). 

Défaitiste jusqu'au bout

Le 18 mai 1940, après seulement huit jours d'hostilités, il s'épanche auprès de l'ambassadeur espagnol sur le désastre militaire en cours, propos immédiatement retranscrits aux Allemands (ibid), tout comme son intention de demander sans tarder l'armistice, désormais son seul objectif, malgré l'accord donné aux anglais.

Quand Pétain forme son gouvernement le 17 juin 1940, il prend contact avec Franco, qui propose à Hitler sa médiation. "La vieillesse est un naufrage." dira de Gaulle dans ses Mémoires, "Pour que rien ne nous fût épargné, la vieillesse du maréchal Pétain allait s’identifier avec le naufrage de la France." 

Pétain s'accroche à son fauteuil et refuse de quitter le sol métropolitain : "Il est impossible, sans déserter, d'abandonner la France, le devoir du Gouvernement est, quoi qu'il arrive, de rester dans le pays, sous peine de ne plus être reconnu comme tel. Priver la France de ses défenseurs naturels dans une période de désarroi général, c'est la livrer à l'ennemi, c'est tuer l'âme de la France. Je resterai parmi le peuple français, pour partager ses peines et ses misères".

Dès 1949 dans ses Mémoires, Churchill explique que l'armistice de juin 1940 n'était en rien inéluctable, ce que les historiens confirmerons par la suite : "Le gouvernement français se serait replié en Afrique du Nord. [...] Les flottes françaises et britanniques auraient bénéficié, depuis leurs ports, d'une complète maîtrise de la Méditerranée et de la liberté totale de passage pour les troupes et leur ravitaillement. Ce que la force aérienne britannique aurait pu rassembler d'avions hors la défense du territoire métropolitain, additionné à ce qui serait resté de la force aérienne française continuellement renforcé par l'industrie américaine, aurait été regroupé sur des terrains d'aviation en Afrique du Nord et aurait rapidement pu constituer un atout offensif de première importance. [...] L'Italie aurait ainsi pu faire l'objet de bombardements stratégiques depuis l'Afrique bien plus aisés à réaliser que depuis l'Angleterre. Les communications entre la péninsule et les armées italiennes en Lybie et en Tripolitaine auraient en pratique été coupées. [...] La France n'aurait jamais cessé d'être l'une des principales puissances alliées en lutte, et aurait donc été épargnée par la terrible déchirure qui a divisée et divise encore son peuple." W. Churchill, The Second World War - Their Finest Hour, vol. II, chap. X.  

1940 - La France continue

Un second coup de poignard dans le dos de l'armée

Immédiatement, Pétain annonce son intention de demander un armistice. Son discours radiodiffusé, où il déclare, alors que les négociations ont à peine commencé : "C’est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu’il faut cesser le combat" a un effet désastreux sur le moral des troupes et précipite de fait l’effondrement des armées françaises. Du 17 juin à l’entrée en vigueur de l’armistice le 25, les Allemands font ainsi plus de prisonniers que depuis le début de l’offensive, le 10 mai. Un second coup de poignard dans le dos de l'armée.

Dans le même discours, Pétain anticipe la création de son propre régime en déclarant qu’il fait "don de sa personne à la France". Il détaille dans les jours qui suivent les leçons que, selon lui, il faut tirer de nos malheurs. Il fustige "l'esprit de jouissance" qui depuis la victoire de 1918, "l'a emporté sur l'esprit de sacrifice. On a revendiqué plus qu'on a servi. On a voulu épargner l'effort ; on rencontre aujourd'hui le malheur". L’armistice est finalement signé le 22 juin 1940.

Pour les historiens, c'est l'exemple de Salazar qui inspire le programme du maréchal (Ferro). "Pétain lui-même se trouvait plus de points communs avec Franco et Salazar qu'avec Hitler" (Paxton).

Le 10 juillet 1940, une loi dite constitutionnelle votée au casino de Vichy "donne tout pouvoir au gouvernement de la République, sous l’autorité et la signature du maréchal Pétain", sans contrôle de l’Assemblée, avec pour mission la promulgation d’une nouvelle Constitution qui ne verra jamais le jour. Pétain a refusé la version du texte où il est fait mention de la libération du territoire national. 

La constitutionnalité de cette réforme fut contestée pour plusieurs motifs dont le fait que la Constitution ne peut pas être modifiée sous la menace directe d’un ennemi. Mais surtout, la confusion de tous les pouvoirs (constituant, législatif, exécutif et judiciaire) entre les mêmes mains était contraire aux fondements même des lois constitutionnelles de 1875, basées sur une séparation des pouvoirs. Il en résulta un régime anti-démocratique, sans constitution et sans contrôle parlementaire. 

Après avoir livré aux allemands l'armée et le pays il livrera les juifs, les réfugiés politiques, les travailleurs, ...

En croyant préserver les intérêts de la France, il a mieux servi les intérêts de l'Allemagne que n'auraient pu le faire des fascistes déclarés, Yves Durand, Le nouvel ordre européen nazi 1938-1945, Editions Complexe, 1990



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Arrêt de la Cour Européenne des Droits de l'Homme du 23 septembre 1998 sur l'article 10 de la Convention, affaire Isorni et Lehideux. 

Courrier