Relire Foch au XXIe
siècle
![]() Relire Foch au XXIe siècle paraît, à priori, n'avoir qu'un intérêt historique. Plus d'un siècle s'est écoulé depuis la parution de ses ouvrages fondamentaux : Des Principes de la guerre (1903) et De la Conduite de la guerre (1904). Ses Mémoires ont été publiés, à titre posthume, en 1931. Ses notes, discours, articles de la décennie 1918-1928 ne semblent être que des écrits de circonstance. Depuis, la guerre a changé trois fois de nature : la Deuxième Guerre mondiale s'est terminée par l'emploi de l'arme nucléaire ; la Guerre froide a été caractérisée par l'Équilibre de la terreur ; les guerres de décolonisation ont débouché sur un terrorisme international écartant l'emploi massif de forces armées. Trois arguments plaident cependant pour la relecture, par les praticiens de la guerre... et autres, de l’œuvre de Foch saisie comme un tout. Il a pensé la guerre sans l'avoir jamais faite ; la doctrine a donc précédé la pratique. Il a conduit les armées alliées à la victoire de 1918. Sans renoncer à son enseignement théorique, il l'a adapté sous la pression des faits, mais aussi dans la logique de sa méthode fondée sur l'analyse de la spécificité de chaque cas et non sur l'application de modèles préétablis. Si Ferdinand Foch - Maréchal de France, de Grande-Bretagne et de Pologne - émerge du premier conflit mondial comme son plus grand chef militaire, celui qui aura conduit l'Entente à la victoire et l'Allemagne à l'armistice, il ne le doit pas au hasard. Il le doit a sa forte personnalité, qui sait s'imposer face aux événements, mais il le doit surtout à sa capacité exceptionnelle à comprendre, à voir, à expliquer. Il le doit donc à sa capacité à dire, à écrire l'essentiel de manière limpide. C'est cette capacité qui marque son oeuvre majeure, Des principes de la guerre, écrite dès 1903 et qui a connu plus de dix réédition. Cet ouvrage - où se décline l'essentiel de la pensée militaire de Foch autour de son idée maîtresse : « Apprenez à penser » - est un des jalons essentiels de la pensée militaire, au même titre que l'Art de la guerre de Sun Tzu, le De la guerre de Clausewitz, le Précis de l'art de la guerre du baron de Jomini ou le Stratégie de Lidell Hart. Les principes qu'il énonce constituent encore aujourd'hui le fondement de la doctrine militaire non seulement française mais occidentale. Si l'on s'intéresse à l'art militaire, Des principes de la guerre est tout simplement une œuvre qu'il faut avoir lu. Avant d'être le commandant en chef des armées alliées en 1918 qui a conduit l'offensive finale contre l'Allemagne, Foch a été professeur de tactique à l'Ecole supérieure de guerre. Dans ses enseignements, il a théorisé les conceptions qu'il mettra en ouvre ultérieurement : le primat des forces morales avec la recherche constante de l'initiative et de l'offensive, la liberté d'action procurée par la manoeuvre, la sûreté assurée par le renseignement et la couverture... Tous ces principes sont mis en lumière à partir de l'étude d'un cas concret, celui de la conduite de la guerre de 1870 durant ses premières semaines par le commandement allemand. Cette étude permet de confirmer la validité des principes énoncés par Foch dans son premier livre, Des principes de la guerre. Elle montre comment l'histoire permet de préparer la guerre future puisque toute la démonstration est tournée vers le conflit à venir : il faut savoir pour pouvoir. Au-delà des transformations radicales de la stratégie à l'époque contemporaine, de tels enseignements restent d'actualité. La refondation de l'armée de terre française s'appuie largement sur les principes dégagés par Foch.
18e RTA 1940 | Contact |